Un contact aux premiers instants de la vie.
De façon intuitive, lorsque le bébé est placé sur le ventre maternel en salle de naissance, la jeune maman trouve des gestes simples de contenance en entourant de ses bras son tout-petit. La position des mains et des avant-bras permet un contact large. La présence de cette main enveloppante donne à l’enfant les premiers repères d’un nouveau mode de communication entre lui et ses parents. Le papa entoure le plus souvent la tête de la maman pour lui manifester son amour, donnant ainsi à l’enfant ce sentiment de protection parentale. Il permet à la maman d’apprendre à mieux connaître son bébé et le nouveau-né, ses parents. Et très vite, l’enfant est réconforté.Sa peau est protégée par une fine pellicule glissante et grasse composée de sébum, le vernix caseosa. La présence de cette couche grasse autour de l’enfant facilite te travail d’expulsion de la maman et le massage des premiers moments.Ce premier contact n’est pas un massage complet. Il est un temps de découverte et de mise en place d’un lien précoce entre la mère et son bébé.
Les compétences motrices du bébé
Dès la naissance, le bébé est déjà apte à faire n’importe quel mouvement. Du reste, lors des échographies, le fœtus bouge aisément, il joue avec ses mains, avec ses jambes… Toutefois, la tonicité de ses muscles et la capacité cérébrale à effectuer des mouvements organisés, ne vont se développer qu’avec l’âge. Pour provoquer les différentes compétences motrices du nouveau-né et les développer, il faut les rechercher et mettre le nourrisson en situation de les utiliser.
Le réflexe de Moro
Le réflexe de Moro est un écartement brusque et symétrique des membres supérieurs qui partent en croix avant de revenir en flexion. Il se déclenche toujours en décubitus dorsal (position plat dos) et de façon symétrique. Il est plus ou moins réactif selon les nouveau-nés et de fréquence variable.Pour certains, il se déclenche uniquement sur une bascule arrière de ta tête ou sur un bruit violent.Pour d’autres, ce réflexe apparaît sans stimulation particulière. Cet hyper-déclenchement du réflexe de Moro rend parfois le sommeil très perturbé. Ce réflexe, qui n’est par définition aucunement maîtrisé par l’enfant, entraîne des pleurs. L’enfant semble paniqué.Il n’existe aucun lien entre te réflexe de Moro fréquent et le caractère de l’enfant. Il ne sera pas plus stressé qu’un autre. Progressivement, dans les trois premiers mois de la vie, le réflexe va s’intégrer à la motricité du bébé.Durant cette période, il est important d’installer et de déplacer l’enfant de façon à réduire la fréquence de ce réflexe. L’utilisation des chaînes motrices, l’installation asymétrique du bébé et/ou l’emmaillotage raison noble et réfléchi en limitent l’apparition. Ces pratiques simplifient ainsi la vie des premiers mois.
Des réflexes aux mouvements volontaires
Peu à peu, ces réflexes vont s’intégrer pour laisser place à des mouvements volontaires. Par exemple, lorsque l’on met un doigt dans la bouche d’un bébé, il le suce et déglutit dans un même temps. De semaine en semaine, ce réflexe va disparaître et devenir un acte conscient et volontaire. La marche automatique est plus complexe. Il est toujours impressionnant de voir un nouveau-né capable de marcher s’il est tenu en position debout. Toutefois, cet acte n’est pas conscient, il évoque plus le déplacement d’un automate que celui d’un être humain. La marche deviendra un acte conscient beaucoup plus tard, sous une forme visuellement assez différente de la marche automatique.Tous ces réflexes ont pour origine un patrimoine génétique commun aux singes anthropoïdes et à l’homme. Ils sont un peu la mémoire biologique de l’être humain.
A la découverte de son corps
L’enfant retrouve alors des sensations connues dans le ventre de sa mère. Pour la maman, c’est le temps d’apprendre à mieux connaitre son bébé et de découvrir son corps, son visage, et de briser l’appréhension de la première rencontre. Pour le bébé, tout est nouveauté. Ses poumons se sont emplis d’air pour la première fois, puis il a expiré. L’oxygénation du sang, auparavant assurée par le cordon ombilical, se fait désormais entièrement dans son corps. Il vient d’apprendre à respirer.Mais il y a plus encore : la lumière, les voix, les bruits. La plupart de ces sensations, que le bébé éprouvait déjà dans le ventre de sa mère, étaient amorties par le milieu aquatique et chaleureux de la matrice. Or, maintenant, plus aucun filtre, plus aucune atténuation ne vient amortir tous ces chocs. Le bébé découvre aussi des sensations inconnues comme le froid et la faim.Pour la première fois aussi, le bébé est soumis à la gravité : ses mouvements, qui étaient aisés dans le ventre maternel, deviennent impossibles, car il n’a pas suffisamment de tonus musculaire. Ce premier massage sera donc très enveloppant. Il lui rappellera sa vie intra-utérine.
Les automatismes
Durant les premières semaines, l’enfant semble agité d’une multitudes de « réflexes archaïques » qui contrent parfois le développement des compétences motrices. Quels sont ces réflexes archaïques et d’où viennent-ils ?Les principaux sont le réflexe de succion-déglutition, le réflexes d’agrippement, la réponse à la traction, le réflexe de Moro, le réflexe d’allongement croisé et la marche automatique. Le plus invalidant est le réflexe de Moro. En effet, il est une source de stress pour les parents et d’inconfort pour l’enfant.Pendant longtemps, on a cru que les réflexes archaïques disparaissaient après quelques mois. Mais depuis quelques années, des chercheurs se sont penchés sur cette question et ont mis en évidence que tous ces réflexes s’intègrent à la motricité volontaire et que leur intégration complète est importante pour une motricité harmonieuse et équilibrée. Ces nouvelles connaissances sont très utiles, notamment dans la prise en charge de certains troubles plus ou moins invalidants (difficulté à écrire, agitation en position assise, etc.).
Le réflexe d’agrippement (grasping reflex)
Lorsque l’on stimule la paume de la main ou la plante du pied d’un bébé, les doigts ou les orteils se ferment : c’est le grasping reflex, ou réflexe d’agrippement. Tout comme le réflexe de Moro, le grasping reflex est invalidant pour l’enfant car il ne peut pas utiliser la préhension à sa guise. Albert Grenier, pédiatre, a démontré qu’en maintenant un bébé assis et en le soulageant du poids de sa tête. Ce dernier est capable de préhension organisée et que le réflexe d’agrippement n’intervient pas. C’est ce qu’il a appelé la « motricité libérée ».Au cours du massage, il est possible d’inhiber ce réflexe et de masser les mains et les doigts du bébé pour l’aider à prendre conscience de la totalité de son corps.Pour ouvrir la main d’un bébé ayant un fort grasping, il suffit de réaliser une prise circulaire du poignet de bébé et de placer l’index sur le dos de sa main. En fléchissant légèrement la main, les doigts s’ouvrent et il est alors possible de nettoyer le centre de la main ou tout simplement de la lui masser.